Originaire du Tibet, le shi-tzu, littéralement « chien lion » se côtoyait uniquement dans l’enceinte de la Cité interdite jusqu’au début du 20e siècle. Il fut le compagnon préféré de l’impératrice Cixi. D’un naturel sociable, le shi-tzu est un compagnon de petite taille, idéal pour une famille vivant en appartement.
Le trait brachycéphale (raccourcissement de la face) et la miniaturisation leur donnent un air infantile et joyeux. Néanmoins, ces anomalies sélectionnées par l’homme ont provoqué au fil du temps un encombrement dentaire de plus en plus important (dents au nombre de 42 chez toutes les races de chien à l’âge adulte), avec à la clé de nombreux problèmes bucco-dentaires. La maladie parodontale, qui aboutit à la destruction progressive du parodonte (tissu de soutien de la dent) secondairement à la présence de bactéries à la surface dentaire (plaque dentaire, tartre) peut avoir des conséquences particulièrement néfastes chez les chiens de petite taille. Le shi-tzu apparaît en première ligne quant à la survenue de fractures mandibulaires pathologiques, à l’instar d’autres races de petite taille ou miniature, tels que le Yorkshire terrier, le caniche nain ou le Chihuahua par exemple.
Fractures mandibulaires pathologiques : conséquences ultimes de la parodontite chez le ShiTzu.
Une étude récente menée par l’équipe ADVETIA chez les chiens pesant moins de 10 kg à l’âge adulte et publiée dans le journal Veterinary Surgery, rapporte que les fractures mandibulaires sont majoritairement ouvertes dans la cavité buccale et surviennent principalement en avant de la première molaire. L’os de la mandibule est proportionnellement plus fin à ce niveau chez les chiens de taille réduite en comparaison aux individus de taille plus importante. En outre, la plus grande racine de la première molaire mandibulaire occupe la quasi totalité de la hauteur de l’os de la mandibule, qui se retrouve ainsi davantage exposé lors d’affection dentaire (abcès endo-parodontal), avec survenue de fractures mandibulaires pathologiques une fois une destruction suffisante de l’os en regard. Ces fractures surviennent plus fréquemment chez les individus plus âgés (7,9 ans en moyenne) et souvent en l’absence de traumatisme évident. Le diagnostic différentiel devrait notamment comprendre un processus néoplasique, également fréquent dans la cavité buccale à cet âge (e.g. mélanome malin, carcinome épidermoïde, sarcome des tissus mous, ostéosarcome). Le diagnostic de certitude s’effectue à l’aide de radiographies dentaires et/ou d’un scanner, ainsi que par un bilan bucco-dentaire complet, notamment parodontal.
La pose de plaques et vis d’ostéosynthèse chez les individus de petite taille peut provoquer des lésions iatrogènes du faisceau vasculonerveux parcourant le canal mandibulaire et des racines dentaires. Le traitement mini-invasif est ainsi privilégié, par l’emploi d’attelles inter-dentaires en résine composite renforcée par un cerclage métallique, après réduction de la fracture à foyer fermé pour peu qu’un ancrage dentaire suffisant soit disponible de part et d’autre du trait de fracture. La prise en charge médicamenteuse (e.g. antibiothérapie) ne saurait se substituer à une gestion chirurgicale rigoureuse des affections dentaires, afin de minimiser tout retard de cicatrisation.
Références
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- Lopes FM, Gioso MA, Ferro DG, Leon-Roman MA, Venturini MAFA, Correa HL. Oral fractures in dogs of brazil: a retrospective study. J Vet Dent, 2005, 22(2), 86-90
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- Guzu M, Hennet P. Evaluation of Repair of Mandibular Body Fractures Treated by a Wire-reinforced Interdental Composite Splint (WRICS): a Retrospective Study in 24 Dogs Weighting Less than 10kg. Vet Surg. 2017 Nov;46(8):1068-1077. doi: 10.1111/vsu.12691. Epub 2017 Jul 31.
Par les Drs Guzu, Hennet et Druet