A l’image de Staphylococcus aureus (staphylocoque doré) chez l’Homme, Staphylococcus pseudintermedius est le staphylocoque le plus souvent incriminé en dermatologie et en otologie chez le chien (NB : chez le chat c’est aussi un germe fréquemment incriminé, mais on retrouve aussi dans cette espèces des staphylocoques dorés). Certains de ces staphylocoques sont parfois résistants à plusieurs antibiotiques. Ceux dits résistants à la méthicilline, les MRSP – pour methicillin resistant Staphylococcus pseudintermedius, donc SPRM en français – sont souvent résistants à la plupart des antibiotiques et ces résistances peuvent être transmises à d’autres staphylocoques et à d’autres bactéries. Ces germes posent d’importants problèmes thérapeutiques en médecine vétérinaire et même s’ils sont normalement peu dangereux pour l’homme, il est nécessaire de prendre certaines précautions pour éviter leur dissémination.
Qu’est-ce qui différencie un MRSP d’un MRSA (SARM)?
Le SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline) ou MRSA est le pendant du MRSP pour le staphylocoque doré. C’est une infection très problématique chez l’homme. Par contre les infections à MRSP ne sont pas un problème majeur pour l’humain. Les souches de MRSA et MRSP sont très différentes donc il ne faut pas craindre un risque de développement de MRSA lorsque l’on vit avec un chien portant un MRSP. Par contre un animal porteur de MRSA représente un risque pour son entourage.
Quelle est la fréquence des MRSP ?
Il existe de nombreuses études en Europe en Amérique ou en Asie sur le portage de ces germes chez les animaux sains et malades. Généralement, le taux de portage est de 4,5% chez le chien pour environ 1% chez le chat. En France des données récentes montrent une fréquence de 17% chez les animaux malades
Comment un chien « attrape-t-il» un MRSP?
La résistance est due à une mutation d’un gène, le mecA dans la bactérie. Ce gene code pour des prétines qui se lient aux pénicillines. Si le gène n’est pas intact les antibiotiques de la famille des bétalactamines n’ont plus de site de fixation, le germe est résistant.
Le développement de cette résistance est lié à l’utilisation d’antibiotiques.
Que se passe-t-il si un animal est infecté par un MRSP?
La plupart du temps ces infections sont cutanées (pyodermite superficielle ou profonde, plaies) ou auriculaires (otite suppurée externe ou moyenne). Plus rarement ils peuvent provoquer des infections de sites chirurgicaux. Les fasciites nécrosantes, très graves, sont exceptionnelles.
Comment diagnostique-t-on une infection à MRSP?
Le diagnostic se fait par culture, antibiogramme, puis mise en évidence de la mutation par des techniques de biologie moléculaire. Notons que si ces germes sont résistants à de nombreux antibiotiques , ils ne sont pas forcément résistants à tous les antibiotiques.
Comme traite-t-on une infection à MRSP?
Si le germe est sensible à un antibiotique qui diffuse correctement dans la peau, on l’utilise en priorité, mais cela n’est pas toujours suffisant et peut s’avérer en fait dangereux, car on risque de sélectionner un germe encore plus résistant.
C’est pourquoi l’antiseptie locale est privilégiée (même si une antibiothérapie est associée). On utilise des shampooings, des bains ou des irrigations à base de povidone iodée, de chlorhexidine ou l’eau de Javel diluée une fois par jour. Ceci nécessite chez les chiens à poils longs une tonte complète. Si une telle initiative peut paraître choquante et spectaculaire, elle est l’étape incontournable d’un traitement efficace. Dans notre expérience, des shampooings ou des balnéations antiseptiques permettent un excellent contrôle de l’infection en 2 à 3 semaines lors de pyodermite superficielle.
Conseils d’hygiène et de santé publique
Si vous devez être hospitalisé(e), il est important de prévenir votre médecin de l’existence de ce germe dans votre entourage, mais le risque pour l’Homme est très faible
Il faut au minimum bien se laver les mains avec du savon systématiquement après avoir effectué les soins et régulièrement quand on a un chien en thérapie avec des antibiotiques.
Mon chien reste-t-il infecté à vie ?
Il n’existe pas de données, mais dans notre expérience, après plusieurs semaines de soins antiseptiques, une colonisation par des germes peu résistants est la règle. L’infection par des MRSA est généralement transitoire et plus courte que celle par des MRSP chez nos animaux de compagnie. Quelques semaines après arrêt d’un traitement antibiotique, les germes multirésistants disparaissent au profit d’une autre flore moins consommatrice d’énergie.
Comment limiter le risque de développement de MRSP ou MRSA ?
L’utilisation de toute antibiothérapie va induire le développement de bactéries résistantes, il faut donc :
– Suivre à la lettre la prescription et ne pas interrompre trop tôt un traitement
– Ne jamais interrompre un traitement sans une visite de suivi
– Associer des shampooings antiseptiques pour raccourcir la durée d’une antibiothérapie
– Pour le vétérinaire privilégier des antibiotiques à spectre étroit ayant une bonne diffusion cutané.