Le pemphigus foliacé est la dermatose auto-immune la plus fréquente chez le chat. Son diagnostic est plus aisé que chez le chien et le pronostic souvent meilleur. Toutefois, on peut être en pratique dérouté par certains aspects cliniques et le suivi au long cours n’est pas toujours simple, notamment lors de rechutes graves.
Epidémiologie
Il n’existe pas de prédisposition raciale ou sexuelle au développement d’un pemphigus foliacé dans cette espèce. Cette dermatose auto-immune peut apparaître à tout âge, même si en moyenne elle est rapportée entre 4 et 6 ans.
Etiologie
Alors que chez le chien et l’Homme on décrit de nombreuses causes au développement de ces dermatoses auto-immunes, chez le Chat la grande majorité des cas est idiopathique, les autres sont médicamento-induits2-4.
Signes cliniques
C’est une dermatose pustuleuse. Toutefois les pustules sont assez rarement observées et cliniquement ce sont surtout des lésions crouteuses qui dominent le tableau. Ces croûtes ont un aspect très évocateur : planes et jaunes, peu adhérentes. Elles recouvrent des érosions souvent peu profondes. Elles sont préférentiellement localisées aux faces internes des pavillons auriculaires, aux bourrelets unguéaux, au chanfrein, aux mamelons Plus rarement, on peut observer des lésions des coussinets (hyperkératose), de l’abdomen, du menton, de la face ventrale des tarses ou du dos. Au niveau des griffes, le périonyxis est généralement caractérisé par la présence d’un pus très abondant. Ce périonyxis peut être très sévère, douloureux et provoquer une boiterie.
Une atteinte de l’état général est fréquemment rapportée avec abattement, hyperthermie et ne semble pas associée à une atteinte viscérale autre.
Le motif de consultation peut être l’apparition de lésions croûteuses, d’un prurit facial, d’une boiterie, d’un périonyxis.
Diagnostic
Les localisations très variables font du pemphigus foliacé un élément du diagnostic différentiel de nombreuses entités cliniques (paronychies infectieuses, acné du menton, dermatites allergiques, pyodermite, dermatophytose).
Certains éléments sont évocateurs : apparition progressive, localisations variables dans le temps, lésions croûteuses et corticosensibles.
L’examen cytologique est l’examen de choix pour effectuer le diagnostic de pemphigus foliacé, mais aussi aider au diagnostic différentiel d’un onyxis suppuré par exemple . Lors de pemphigus foliacé on observe au milieu de granulocytes neutrophiles de grands cellules bleues arrondies : des acanthocytes. Une des images caractéristiques est l’existence d’images de kératinocytes en roue crantée, avec des granulocytes neutrophiles adhérents sur toute leur périphérie (image en roue crantée).
Histopathologie
Il est préférable de confirmer le diagnostic par un examen histopathologique à partir de lésions idéalement pustuleuses ou papuleuses et à défaut crouteuses. On observe lors de pemphigus des pustules intraépidermique contenant des cellules acantholytiques et des granulocytes neutrophiles.
Diagnostic étiologique
Le diagnostic étiologique est rarement possible chez le chat. Il est nécessaire avant toute chose de tenter un diagnostic d’imputabilité médicamenteuse en recherchant les prises, injections ou applications de médicaments dans le mois précédent l’apparition des lésions. Certains pemphigus pouvant être des manifestations paranéoplasiques chez l’Homme et le Chien, la recherche de l’existence concomitante d’une néoplasie est aussi souhaitable.
Pronostic
Le pronostic est meilleur chez le chat que chez le chien, de nombreux cas présentant des rémissions définitives après un traitement immunosuppresseur. Toutefois, lorsque ce traitement ne peut pas être interrompu, le pronostic reste réservé.
Traitement
Le traitement fait appel à une corticothérapie immunosuppressive par voie générale ou quand cela est tolérable pas voie locale. Dans les cas sévère l’association à la ciclosporine ou un cytotoxique est préférable pour limiter la corticothérapie, voir pouvoir l’interrompre au long cours
On peut effectuer, si les lésions sont délabrantes ou très prurigineuses, un bolus de 3 jours de corticoïdes puis poursuivre avec des doses anti-inflammatoires associées à la ciclsoporine.
Par le Dr Pascal PRELAUD, Dip. ECVD, spécialiste en dermatologie