Bradley, C. W., et al. (2020). « The otic microbiota and mycobiota in a referral population of dogs in eastern USA with otitis externa. » Vet Dermatol. Le mycobiote (flore fongique) de la peau des chiens atopique a été partiellement étudié, mais celui des oreilles encore moins. Or les infections fongiques auriculaires sont un des fléaux de la dermatite atopique canine. Une étude parue en 2018 montre l’importance du genre Malassezia lors d’otite (associée à une DA). L’importance est telle que c’est même le seul champignon que l’on retrouve dans ces circonstances dans 98% des cas, supplantant tout le reste de la flore. Les techniques de biologie moléculaire ont permis de montrer que la flore des méats acoustiques du chien sain est bien plus riche que ces seules Malassezia qui prédominent l’oreille enflammée. En effet, en milieu sain, ce sont plutôt des champignons Ascomycètes qui peuplent l’oreille du chien. On retrouve même une assez grande quantité de moisissures présentes dans l’environnement comme Alternaria, Cladosporium et Epicoccum. Ce combat Ascomycètes contre Basidiomycètes est confirmé par cette étude du mycobiote d’otites suppurées et fongiques. On retrouve donc, comme sur la peau des chiens atopiques, une très spectaculaire baisse de la diversité de la flore fongique lors d’otite atopique. Le rôle majeur de Malassezia pachydermatitis dans la genèse ou la perpétuation des otites externe chez le chien est à nouveau confirmé.
Chan, W. Y., et al. (2019). « Biofilm production by pathogens associated with canine otitis externa, and the antibiofilm activity of ionophores and antimicrobial adjuvants. » J Vet Pharmacol Ther 42(6): 682-692. Cette étude in vitro de 20 souches de Staphylococcus pseudintermedius et 20 souches de Pseudomonas sp. montre que les premiers sont de faibles producteurs de biofilms (16/20), alors que 19 des 20 souches de Pseudomonas sont des productrices actives de biofilm. La narasine et le monensin se sont révélés inefficaces dans les cultures avec biofilms, alors que la NAC et le Tris-EDTA viennent à bout des Pseudomonas productrices de biofilm.
Chan, W. Y., et al. (2019). « In vitro antimicrobial activity of narasin and monensin in combination with adjuvants against pathogens associated with canine otitis externa. » Vet Dermatol. La narasine est agent anti-infectieux autrefois largement utilisé comme cocciostatique dans les élevages de poulets et la monensine avait le même succès, dans les mêmes indications, chez la vache. Ces deux ionophores possèdent des propriétés potentiellement intéressantes comme succédané des antibiotiques dans les préparations auriculaires. Cette étude est basée sur la mesure de l’effet synergique d’additifs actifs sur le biofilm (NAC, tris EDTA, EDTA) avec celui de ces deux ionophores. Les résultats sont globalement très décevants ; seule l’association NAC / monensine montre in vitro un effet intéressant. Il pourra s’agir d’une solution intéressante à étudier cliniquement dans les cas toujours problématiques d’otite à Gram- dues à des germes multirésistants.
May, E. R., et al. (2019). « Antibacterial effect of N-acetylcysteine in combination with antimicrobials on common canine otitis externa bacterial isolates. » Vet Dermatol 30(6): 531-e161. La N-acétyl-cystéine (NAC) ou acétylcystéine est connue pour ses propriétés mucolytiques et est donc incorporée dans plusieurs topiques nettoyants/désinfectants pour espérer une action antibiofilm ou pour le moins synergique avec les antibiotiques. Dans cette étude in vitro, on observe aucun effet synergique de l’adjonction de NAC à une culture contenant de la gentamycine ou de l’enrofloxacine ; pire, on observe un effet antagoniste dans respectivement 50 et 18 % des cultures. A la lecture de tels résultats il est tentant d’éviter le recours à des produits contenant de la NAC si l’on désire traiter une otite à Gram-…
Kano, R. and H. Kamata (2019). « Miconazole-tolerant strains of Malassezia pachydermatis generated by culture in medium containing miconazole. » Vet Dermatol. La résistance de Malassezia aux azolés est une des nouvelles préoccupations du monde de la levure. Des souches de Malassezia pachydermatis cultivées en présence de faibles concentrations de miconzaole, acquièrent une résistance croisée au miconazole, au clotrimazole et à l’itraconazole. Comme dans d’autres études, c’est encore le gène ERG11 qui est en cause dans cette résistance acquise. On notera dans cette étude l’intérêt du tacrolimus qui a été testé ici parce qu’il a une activité antifongique connue de longue date, mais aussi parce qu’il permet parfois de lever les résistances aux azolés dues à des pompes à efflux, notamment chez Candida albicans. Hélas, ce n’est pas le cas dans ce modèle d’acquisition de résistance induit par le miconazole.
Donato, R., et al. (2020). « Antifungal activity of different essential oils against Malassezia pathogenic species. » J Ethnopharmacol 249: 112376. Cette revue exhaustive de toutes les publications sur l’action des huiles essentielles sur Malassezia pachydermatis fait le constat d’un trop plein d’étude in vitro encourageantes contre une quasi absence d’études cliniques valables. Toutes les huiles testées (Thymus, Artemisia, Malaleuca, Cinnamomun, Ocimum, Zataria, Rosmarinus, Origanum, Syzigium, Foenicolum, Thapsia, Tachyspermum, Myrtus) montrent in vitro une activité antifongique.
Layne, E. A. and C. de Miguel Garcia (2019). « Clinical techniques in Veterinary Dermatology: Regional anaesthesia of the canine ear. » Vet Dermatol. Les auteurs décrivent une technique de bloc d’anesthésie locorégionale qu’ils proposent d’adapter aux interventions d’otoendoscopie pour limiter la douleur per et postopératoire. Le produit injecté est un mélange de lidocaïne et de bupivacaïne. Pour anesthésier le nerf grand auriculaire l’injection se fait en regard de la première cervicale ; pour le nerf auriculotemporal l’injection se fait en regard de l’ATM vers l’arcade zygomatique. Cette technique déjà utilisée à ADVETIA dans le cadre des interventions de chirurgie conventionnelle est aussi aujourd’hui incluse dans les protocoles anesthésiques d’oto-endoscopie interventionnelle, comme l’extraction transtympanique de polypes par exemple.
Par Pascal Prélaud, Dip ECVD, spécialiste en dermatologie