La difficulté ou l’impossibilité d’ouverture buccale est un signe qui, s’il est facile à identifier, peut être provoqué par des causes très variables. Cette anomalie peut être transitoire (trismus) et alors souvent liée à une cause locale douloureuse, ou permanente et irréductible (constriction permanente des mâchoires ou CPM). L’anamnèse et l’examen clinique, incluant un examen sous anesthésie générale, permettent de distinguer une CPM d’un phénomène algique avec trismus secondaire, de différencier une cause locale d’une cause systémique, de suspecter une cause liée à la race (OCM, luxation du processus coronoïde) ou de suspecter une lésion traumatique ou infectieuse.
Ostéopathie cranio-mandibulaire (OCM)
Principalement observée chez le West Highland White Terrier, l’OCM affecte les chiens jeunes (3-8 mois). L’impossibilité d’ouverture buccale est due à la douleur et parfois à l’ankylose de l’ATM. L’évolution est souvent favorable. La corticothérapie limite l’inflammation et la douleur secondaire.
Fracture mandibulaire
Toute fracture des mâchoires engendre une douleur. L’anamnèse (accident de la circulation, chute, coup de pied …) et une modification de l’occlusion dentaire sont les signes d’appel. Le traitement est soit orthopédique (attelle, blocage maxillo-mandibulaire) soit ostéosynthétique.
Anomalie dentaire
Les traumatismes et infections dentaires notamment caudales peuvent être responsable de trismus. L’examen clinique et radiographique dentaire permet le diagnostic. Le traitement consiste soit en une extraction soit en un traitement conservateur.
Lésion de l’ATM
Un traumatisme facial, particulièrement chez le chat (défenestration) peut provoquer une ankylose de l’ATM observée dans les quelques mois suivant l’accident. La radiographie et parfois le scanner aident à confirmer le diagnostic. Le traitement consiste en une condylectomie.
Tumeurs
Les tumeurs épithéliales, conjonctives, musculaires ou osseuses peuvent restreindre l’ouverture buccale par phénomène algique, par fibrose ou effet de masse. Le diagnostic fait appel à l’imagerie en coupe (scanner et IRM) et à l’examen histologique de biopsies.
Myosite
La myosite des muscles masticateurs est une atteinte spécifique de ces muscles et entraîne une CPM. Le diagnostic est principalement basé sur l’anamnèse, les signes cliniques, l’IRM, l’électromyographie, l’histologie et le dosage des anticorps anti-fibres 2M. Le traitement repose principalement sur l’utilisation de corticostéroïdes et éventuellement d’immunosuppresseurs.
Infection
Les infections des tissus mous telles que celles provoquées par un corps étranger pénétrant par voie orale peuvent provoquer douleur, tuméfaction et restriction d’ouverture buccale. L’IRM est en théorie l’examen de choix. Le scanner avec contraste iodé présente aussi une bonne sensibilité.
Affections systémiques
Le tétanos constitue la principale cause systémique pouvant engendrer une limitation d’ouverture buccale. Le diagnostic est basé sur la présentation clinique et l’exclusion des autres affections neuromusculaires. Le traitement causal repose sur l’utilisation précoce d’antibiotiques actifs sur les anaérobies (bétalactamines, métronidazole).
Philippe Hennet, Dip AVDC, Dip EVDC
Spécialiste en Stomatologie et Dentisterie Vétérinaire
Chirurgie ORL et Maxillofaciale
Hugues Gaillot, Dip ECVDI et Yannick Ruel, Dip ECVDI
Spécialistes en Imagerie Médicale Vétérinaire
Kirsten Gnirs, Dip ECVN
Spécialiste en Neurologie Vétérinaire