« Parage un jour, parage toujours » : c’est le discours habituel du vétérinaire NAC résigné…. Effectivement, comme les dents formant des spicules ont en général des couronnes de réserve anormalement incurvées, la repousse n’est pas droite et la récidive est de règle, que le lapin mange ou non plus de foin.
Pour éviter les désagréments d’un parage régulier, il est tentant d’envisager l’extraction de la dent récidivante. Mais cette procédure n’est pas indiquée en pratique pour plusieurs raisons :
- L’extraction complète d’une dent saine est difficile, et le risque de fracture dentaire est élevé, entraînant la rétention de fragments, dont la présence peut favoriser une repousse ou une complication d’abcès.
- Le risque de fracture iatrogène de l’os de soutien est élevé, particulièrement pour une dent mandibulaire.
- La disparition de la couronne dentaire laisse un vide qui va favoriser la repousse de la dent antagoniste et la déformation ultérieure des couronnes dentaires voisines.
- Enfin, cette procédure nécessite une longue anesthésie et entraîne une douleur post-opératoire de plusieurs jours. La récupération du patient peut donc être compromise par la lourdeur de l’intervention.
Une alternative à l’extraction dentaire est l’apicectomie, qui vise à neutraliser la pousse dentaire par une destruction ciblée de l’apex dentaire et du tissu germinal. Par un abord externe, on disséque les tissus mous jusqu’à l’os de soutien dentaire, puis on pratique une ostéotomie mettant en évidence l’apex dentaire, et on procéde à l’ablation de cet apex en laissant intact le reste de la couronne dentaire.
La disparition du tissu germinal bloque ainsi la croissance de la dent, mais celle-ci reste ankylosée en place et conserve une couronne fonctionnelle. Les dents antagonistes et voisines ne trouvent donc pas d’espace de pousse anormale.
Cette procédure, beaucoup moins invasive que l’extraction, est de plus beaucoup mieux supportée par le lapin. Elle constitue donc une solution intéressante pour éviter les parages réguliers. Elle nécessite cependant un accès aisé aux apex dentaires, ce qui limite son utilisation aux dents mandibulaires.
Elle est aussi applicable chez le cobaye. Chez ce dernier, la dent ayant subi une apicectomie se résorbe