La dermatite atopique canine est une dermatose chronique très fréquente qui nécessite des traitements de fond tout au long de la vie de l’animal, tout comme l’eczéma chez l’enfant. Parmi ceux-ci, les traitements proactifs occupent aujourd’hui une place centrale, même s’ils sont fréquemment mal suivis par ce qu’utilisés en dehors des crises…
Les traitements dits proactifs sont ainsi qualifiés par comparaison aux traitements réactifs, que l’on prescrit en réaction à la survenue d’une poussée. En effet, même en dehors des crises, la peau apparemment saine d’un chien atopique demeure anormale, avec des troubles de la perméabilité, des cellules présentatrices d’antigènes activées et un infiltrat inflammatoire prêt à être activé. Le but est donc de maintenir cette inflammation à un seuil bas pour limiter la survenue de poussées. Il en va de même pour les infections bactériennes et fongiques et pour les démangeaisons. Trois grand types de traitements proactifs sont ainsi prescrits en traitement de fond chez le chien atopique : topiques anti-inflammatoires, anticorps anti-IL31 et des antifongiques.
Anti-inflammatoires proactifs
Le principe est de traiter une poussée à l’aide de dermocorticoïdes jusqu’à disparition complète (ou presque) des symptômes et des lésions, puis d’appliquer ces mêmes topiques une à deux fois par semaine (tous les 2 jours dans les formes graves) sur les zones initialement lésées, tout en associant l’application quotidienne d’émollients. Cette approche a fait l’objet de nombreuses études randomisées sur de grandes cohortes chez l’homme depuis une quinzaine d’années, prouvant son efficacité. Elle est très intéressante chez le chien atopique pour des lésions cutanées focales (espaces entre les doigts, aisselles) et surtout dans les oreilles.
Certains auteurs pensent à proposer cette approche précocement afin de limiter le risque de sensibilisation transcutanée, celui-ci étant aggravé par les altérations de barrière cutanée induites par l’inflammation. Des études préliminaires chez l’enfant tendent à prouver que cette théorie pourrait être juste, les taux d’IgE spécifiques d’allergènes étant plus bas chez les patients ainsi traités.
Anti-prurigineux proactifs
Dans cette indication, seuls les anticorps monoclonaux anti-IL31 se sont avérés (très) intéressants chez le chien. Le principe est donc d’injecter cet anticorps avant que les symptômes ne réapparaissent, tous les 3 à 6 semaines selon les animaux et la dose injectées.
Antifongiques proactifs
Certains antifongiques ayant la capacité de s’accumuler dans la couche cornée de la peau pendant une semaine, il est possible de les administrer en week end thérapie (2 jours ocnsécutifs par semaine), pour éviter des rechutes de dermatite à Malassezia. Il s’agit d’une alternative très intéressante et très efficace aux soins locaux quotidiens dans cette indication
Ces pratiques sont tout sauf anecdotiques et représentent pour la majorité des chiens non contrôlés par les mesures hygiéniques le traitement le plus efficace de leur maladie
Par le Dr Pascal Prélaud, responsable du service de dermatologie