Chez le chien, les coups de chaleur présentent un fort taux de mortalité. Le coup de chaleur proprement dit résulte de l’élévation de la température corporelle, au cours de laquelle la production de chaleur intrinsèque et extrinsèque dépasse les mécanismes de dissipation de chaleur de l’organisme (température corporelle > 41°C).
L’hyperthermie entraîne une myriade de processus inflammatoires, hémostatiques et d’atteintes tissulaires, de progression et d’intensité variables. L’apparition d’un syndrome inflammatoire et l’activation de la cascade de l’hémostase sont responsables d’un syndrome de réponse inflammatoire systémique (SIRS), progressant fréquemment en syndrome de défaillance multiviscérale (MODS).
L’évolution de chocs hypovolémique et distributif, l’acidose métabolique, la défaillance neurologique, l’endotoxémie, et la présence d’une coagulation intravasculaire disséminée provoquent une diminution de la perfusion tissulaire, des nécroses, et une diathèse hémorragique. Les complications graves en cas de coup de chaleur sont : la rhabdomyolyse (augmentation importante de l’activité des créatinines kinases), les troubles neurologiques secondaires à des lésions vasculaires ou de l’oedème cérébral (coma 40%, crises convulsives 35% et stupeur 33%), des hémorrhagies et phénomènes thrombotiques multiples, des lésions ischémiques, une azotémie rénale aiguë (acute kidney injury AKI) avec atteinte tubulaire et glomérulaire, un syndrome de détresse respiratoire aigu (lésions de l’endothélium pulmonaire à l’origine d’un œdème aigu du poumon non cardiogénique, infarctus, hémorrhagie sévère), des arythmies cardiaques, des atteintes gastro-entéro-hépato-bilaires, un sepsis, une pancréatite aiguë et une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) (pétéchies, ecchymoses, méléna, hématochézie et hématurie associés à un bilan de coagulation évocateur montrant une thrombopénie et des temps de coagulation augmentés).
Les facteurs de risque significativement associés au décès sont :
- l’obésité,
- un délai de consultation prolongé (> 90 min),
- l’hypoglycémie (< 0,47g/L),
- l’azotémie à 24h postadmission (créatinine > 15 mg/L),
- CIVD,
- AKI,
- les arrhythmies ventriculaires,
- la présence de crises convulsives,
- une atteinte de la vigilance.
Une prise en charge diagnostique et thérapeutique en soins intensifs précoce est primordiale pour la survie de l’animal.
Par le Dr Marie VAGNEY, résidente ECVIM