La chirurgie mini-invasive, déjà très répandue en chirurgie humaine, possède tout son intérêt en médecine vétérinaire. Elle permet d’obtenir des résultats identiques aux techniques opératoires tout en réduisant douleur et temps d’hospitalisation et en accélérant la reprise de l’activité des patients. La stérilisation par ovariectomie reste la technique la plus pratiquée en cœlioscopie vétérinaire.
Dans le cadre d’une chirurgie de convenance elle permet de limiter aux maximum les complications postopératoires comme cela a été confirmé dans de nombreuses publications. Récemment, un article a montré un taux de complications de 44% pour les stérilisations de convenance « classiques » contre seulement 20% pour les ovariectomies par cœlioscopie. En outre, ces dernières complications sont surtout représentées par des problématiques mineures comme des retards de cicatrisation.
Charlesworth TM, et coll 2019 : A comparison of the rates of postoperative complications between dogs undergoing laparoscopic and open ovariectomy.
Avantages
La cœlioscopie permet en effet une visualisation optimale des structures anatomiques, une manipulation douce et non douloureuse (ex. absence de stretch sur le tendon ovarien) et une incision cutanée et musculaire de petite taille.
La technique consiste dans l’insertion de 2 trocarts de 5 mm et 1 trocart de 10 mm. Ce dernier permet d’insérer la camera. L’abdomen est dilaté avec l’utilisation de CO2 médical. On utilise le plus souvent 3 instruments : une camera HD, un pince pour la préhension des ovaires, un instrument de termofusion (ex. Ligasure).
Plusieurs techniques sont décrites en médecine vétérinaire: avec 3 accès, 2 accès et avec un seul accès, et dernièrement la chirurgie mini-invasive par les voie naturelles (estomac et trans vaginale). A ce jour, aucune technique ne peut être considérée supérieure à une autre.
Limites
La cœlioscopie nécessite un investissement lourd en matériel et en formation tant du chirurgien que de l’équipe. On considère qu’il faut de 80 interventions avant qu’un chirurgien peu expérimenté soit à l’aise avec la procédure. D’autre part, la cœlioscopie peut difficilement être réalisée par un seul chirurgien, un assistant est souvent nécessaire.
Par rapport à l’anesthésie une assistance respiratoire est souvent requise à cause de la pression intra-abdominale qui peut limiter l’expansion du diaphragme.
Temps chirurgical
Le temps chirurgical, une fois la technique maitrisée, est proche de la technique standard. Le patient idéal est une chienne de plus de 15 kg. Avec l’expérience, l’ovariectomie peut être réalisé aussi sur des chien de petite taille, voire des lapins.
La récupération est très rapide après l’intervention. Une hospitalisation de 8 heures est généralement suffisante. La douleur associée au pneumopéritoine représente une problématique bien connue en médecine humaine, mais ne semble pas être très aussi importante chez le chien.
Au contraire, les chiens montrent une récupération plus rapide due à la réduction de la douleur et de l’inflammation postopératoires.
Une étude a comparé la reprise de l’activité physique dans les 24 heures postopératoires chez des chiens de petite taille opérés par cœlioscopie ou par une technique conventionnelle montrant une reprise de l’activité physique dans seulement le 25% des animaux opéré par laparotomie.
Culp WT, et coll. The effect of laparoscopic versus open ovariectomy on postsurgical activity in small dogs.
Association à la gastropexie
Pendant l’ovariectomie, il est aussi possible de réaliser une gastropexie préventive pour les chiennes de grande race présentant un risque de dilatation/torsion de l’estomac.
La gastropexie conventionnelle oblige le chirurgien à réaliser une laparotomie assez large à cause de la position crâniale de l’estomac. Avec la cœlioscopie, la gastropexie peut être réalisée en utilisant le même accès que celui de l’ovariectomie, avec une réduction très significative du temps et du geste opératoire. Ce geste n’est pas associé à des complications particulières et la péxie est efficace pendant tout la durée de vie du chien.
Dr Diego ROSSETTI, Dip ECVS, spécialiste en chirurgie, chef du service de chirurgie