Le terme « passereaux » regroupe plusieurs espèces d’oiseaux de petite taille, qui, par opposé aux psttacidés ont en commun un bec de forme conique, plus ou moins fin et allongé. Ils sont pour la plupart granivores, mais certains, comme le rossignol du Japon (Liothrix luteus) sont insectivores. Ils appartiennent en grande majorité soit à la famille des Fringillidés, comme le canari (Serinus canaria) soit à celle des Estrildidés (diamants, papes et capucins..). Ils sont élevés soit seuls, soit en groupes mélangés dans des volières. Le vétérinaire peut donc être amené à pratiquer soit une médecine individuelle, soit une médecine de groupe. Les maladies bactériennes sont nombreuses chez ces oiseaux.
Recommandations pour la consultation d’un passereau
Les passereaux sont souvent élevés en groupe, ce qui induit que la perspective de la consultation peut être différente selon que l’on se souhaite soigner un individu (examens complémentaires limités) ou un groupe (diagnostic nécropsique possible). Enfin ne pas oublier chez ces espèces que la comorbidité entre maladies infectieuses et parasitaires est fréquente.
Comme les symptômes sont en général peu évocateurs, le recueil des commémoratifs est fondamental pour orienter le diagnostic.
Enfin, ces oiseaux étant délicats à manipuler, d’autant plus qu’ils ont malades, l’examen rapproché doit être le plus court possible.
Commémoratifs
Espèce : certaines espèces sont plus sensibles que d’autres à certaines maladies
Autant que possible faire venir l’oiseau dans sa cage de vie (révélatrice de ses réelles conditions de vie). A défaut, conseiller une cage de plus petite taille, et demander de mettre un papier propre au fond de la cage afin de pouvoir examiner les fientes.
Dans tous les cas orienter vers un contenant laissant la visualisation à distance de l’oiseau possible (éviter la boîte de transport en carton délivrée au moment de l’achat) aide à l’observation à distance et à la saisie). Recueillir tous renseignements précisant la date et son lieu d’achat (animalerie, élevage) Se renseigner sur la cage ou la volière (constituant, dimension, emplacement, équipement : fond de cage, perchoirs, abreuvoirs, gamelles, hygiène…), l’alimentation (qualité et quantité), les congénères (récemment achetés) et autres animaux présents en contact ou non (y compris les oiseaux sauvages venant sur la cage (balcon ou volière extérieure)
Examen à distance
La plupart des oiseaux, quelle que soit l’importance de leur maladie, vont être dans un état de vigilance exacerbé qui va contribuer à masquer leur signes cliniques dès l’entrée dans la salle de consultation.
Le temps de recueil des commémoratifs peut être mis à profit pour laisser l’oiseau se détendre et extérioriser d’éventuels signes cliniques que l’on peut observer discrètement.
Evaluer à distance les paramètres suivants :
– Positionnement dans la cage (perché ou au fond)
– Allure générale (ébouriffé et en boule ou vif et alerte)
– Symétrie corporelle
– Equilibre
– Rythme, bruits et mouvements respiratoires, enrouement, arrêt du chant
– Aspect du plumage, du bec et des griffes (attention particulière aux pourtours oculaires et à la couleur du plumage immédiatement situé près des narines, souvent bruni par des sécrétions nasales lors d’atteinte infectieuse respiratoire)
– Comportement défécatoire (rythme de production, positionnement, difficulté éventuelle…)
Examen des fientes
L’observation des fientes d’un oiseau constitue un bon préalable à l’examen clinique rapproché. il permet d’en distinguer les trois composants : matières fécales, (tortillons brunâtres), urates (pâte blanchâtre) et urine (liquide transparent. Leur aspect peut changer en fonction du métabolisme :
– Un oiseau qui ne mange pas produira des fientes essentiellement composées d’urates et d’urines
– Un oiseau atteint de polyuro-polydipsie va produire des fientes très riches en liquide urinaire, ce qu’il ne faut pas confondre avec une diarrhée. En cas de diarrhée, le tortillon de selles moulées n’est plus visible au sein des fientes.
– Vérifier la présence d’éléments non digérés (graines, amidon : aspect crémeux et jaune des fientes en cas de campylobactériose chez les diamants de Gould)
– Les selles peuvent être diversement colorées selon l’alimentation (fruits ou pâtées colorantes)
– Examen microscopique des fientes : Diluées sans préparation dans un peu de soluté physiologique, elles peuvent permettre d’observer des ookystes de coccidies, des œufs d’helminthes ou la présence de Macrorhabdus ornithogaster (champigon anciennement nommé mégabactérie).
Examen rapproché
Fermer portes et fenêtres et enlever les perchoirs avant de capturer
Capturer avec une serviette en papier ou un tissu léger
Ecouter les bruits respiratoires
Examiner les yeux, les narines
Vérifier muscles pectoraux (maigreur si bréchet saillant)
Examiner l’abdomen (distendu, organes vus en transparence, lipomes..), soit en soufflant sur les plumes, soit en mouillant avec un peu d’alcool
Examiner le cloaque
Déployer ailes et pattes et les examiner
Avant de remettre l’oiseau dans sa cage, le mettre dans une petite boîte sur une balance de cuisine précise préalablement tarée pour le peser
Escherichia coli (et autres entérobactéries GRAM -)
E coli n’est normalement pas rencontrée dans l’intestin des passereaux en bonne santé. On isole cette bactérie (ou d’autres entérobactéries) dans les selles d’individus malades, présentant ou non une diarrhée.
Chez les canaris, cette affection est l’une des causes les plus importantes de mortalité au nid. Les adultes sont plus résistants. Certains sont porteurs sains, ce qui explique la contamination des jeunes. L’infection peut se transmettre soit au travers des pores de la coquille, soit lors du nourrissage du nouveau-né. Les jeunes présentent une entérite (production d’entérotoxines), se déshydratent et deviennent cachectiques. Les fientes devenant liquides, les parents ne peuvent plus les éliminer correctement du nid. Les nids ainsi que le ventre des parents deviennent sales, mouillés et jaunâtres. Les jeunes meurent en général dans la première semaine.
Chez les diamants, E coli , ainsi que d’autres entérobactéries, provoque des épizooties mortelles au sein de populations stressées (surpeuplement, transport, etc…). Les symptômes sont peu spécifiques : abattement, conjonctivite, rhinite.
Le diagnostic est orienté par une coloration de Gram des selles. Une culture aérobie des fientes permet le diagnostic précis. Ces germes sont cependant des pathogènes secondaires, il faut donc vérifier les conditions d’entretien et la présence d’affections sous-jacentes, telles que l‘atoxoplasmose, la chlamydiose (moins fréquente chez les passereaux que chez les psittacidés), le circovirus, le paramyxovirus et le polyomavirus.
Traitement préventif : 1 jour avant l’éclosion et jusqu’à ce que les petits atteignent 6 jours.
Yersinia pseudotuberculosis
La pseudotuberculose est une maladie fréquente chez les passereaux et les rongeurs sauvages. Les oiseaux vivant en volières extérieures peuvent donc facilement être contaminés. Elle est fréquemment rencontrée chez les canaris de volière extérieure.
Les symptômes sont peu spécifiques : mort soudaine ou maladie débilitante chronique, avec altération du plumage, amaigrissement, perte de tonus, diarrhée, difficultés respiratoires. Les mainates sont extrêmement sensibles à cette infection, et peuvent décéder après avoir présenté une pneumonie aigüe.
Autopsie : Foie noir et congestionné, rate avec des petits granulomes jaunes, pneumonie catarrhale et inflammation gros intestin. Sur des calques colorés d’organes infectés, on voit de nombreuses bactéries en forme de bâtonnets. Le diagnostic est confirmé par la culture de ces microorganismes à partir des organes infectés.
Traitement : Il est fonction de l’antibiogramme, mais la réponse est aléatoire sur les animaux chroniquement atteints.
Prévention : isoler des oiseaux sauvages et des rongeurs (Toit sur es volières, grillage au-dessus du sol, etc…)
Attention : potentiel zoonotique
Mycoplasmes
Les passereaux (notamment les canaris) sont souvent présentés pour des symptômes respiratoires, associés ou non à une inflammation oculaire. Cette affection est chronique, les oiseaux conservent un bon état général. Le propriétaire est généralement alerté par un petit bruit de cliquetis respiratoire, de l’enrouement ou de la dyspnée. Des écoulements chroniques oculaires et nasaux donnent une couleur brune aux plumes de voisinage.
Mycoplasma sp est un agent régulièrement isolé lors de ce type d’affection. Le diagnostic s’effectue par PCR ou par culture sur des écouvillons conjonctivaux, mais celle-ci est difficile et n’est réalisée que dans certains laboratoires. La tylosine est le traitement de choix.
Le diagnostic différentiel inclut d’autres germes affectant l’appareil respiratoire, notamment Enterococcus faecalis, Sternostoma tracheacolum (acarien respiratoire, visible par transluminescence de la trachée), Atoxoplasma (variété de coccidies pouvant se développer dans tout l’organisme (dont les sacs aériens) etTrichomonas gallinae, flagellé qui provoque des lésions caséeuses dans les sinus infraorbitaux.
Traitement
Administration per os
L’administration individuelle per os d’un antibiotique est en général difficile à réaliser par le propriétaire : difficulté à attraper l’oiseau, à le tenir, à lui ouvrir le bec, et risque de fausse route en cas de d’administration maladroite. L’administration par eau de boisson est la plus pratique, mais elle n’apporte pas la certitude de l’ingestion d’une dose suffisamment efficace pour les oiseaux. Le mélange d’un antibiotique en poudre dans les graines est encore plus aléatoire, car la poudre glisse sur les graines et tombe au fond de la mangeoire. Une bonne alternative peut être de mélanger les médicaments à une pâtée utilisée pour nourrir les jeunes, beaucoup d’oiseaux en étant friands.
Administration par nébulisation
Cette voie est intéressante, notamment dans le cas d’infections respiratoires. On peut par exemple prescrire deux nébulisations de 15 à 30 mn par jour pendant une semaine.
Par Le Dr J-F Quinton, Dip ECZM (Small Mammals)
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