Compagnon du bandit Matthias Klostermayr (le Robin des Bois Bavarois) à la fin du XVIIIe siècle, le boxer d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec les chiens molossoïdes allemands originels (Bullenbeisser, « mordeur de taureau » et Baerenbeisser, « mordeur d’ours »). Depuis son croisement avec le bulldog anglais et la stabilisation de la race en 1888, le Boxer s’est avéré devenir l’acolyte idéal, doux (notamment avec les enfants) et fidèle.
Cette sélection s’est malheureusement soldée par l’apparition de multiples prédispositions raciales. Parmi celles-ci, on reconnaît notamment différentes cardiopathies, affections dermatologiques ou tumorales. Parmi ces dernières, la formation de kystes dentigères est particulièrement fréquente dans cette race et rentre dans le diagnostic différentiel des tuméfactions oro-maxillo-faciales.
Kystes dentigères
Toute absence clinique d’une dent doit faire suspecter une dent incluse. L’évolution naturelle de cette inclusion dentaire peut aboutir à la formation d’un kyste en regard de la dent en question (souvent la première prémolaire mandibulaire chez le Boxer) en raison de l’accumulation de transudat ou d’un matériel semi-solide entre les couches folliculaires et la couronne dentaire.
Une lésion ostéolytique bien circonscrite, assez caractéristique de l’affection peut être mise en évidence sans difficulté par un examen d’imagerie tel qu’une radiographie dentaire, un cone beam computed tomography (CBCT) ou un scanner conventionnel. Un éventuel effet de masse sur les structures adjacentes, notamment dentaires, n’est pas rare. L’affection n’est généralement pas douloureuse, à moins qu’une infection du kyste survienne. La pression exercée par le kyste peut parfois interrompre le flux vasculaire propres des dents en aval et s’exprimer par un changement de couleur de la dent (dyschromie dentaire).
Une confirmation anatomopathologique est recommandée, afin de différentier le kyste dentigère d’autres kystes ou tumeurs odontogènes (dont le point de départ est l’une des couches cellulaires à l’origine des structures alvéolo-dentaires) ou non-odontogènes. Par ailleurs, la tumorisation du kyste est possible (améloblastome acanthomateux en premier lieu). Ce dernier possède un caractère localement agressif et récidivant qui nécessite la prise de marges chirurgicales larges. De rares cas de carcinomes dont le point de départ apparent provenait de l’épithélium kystique ont également été rapportés dans la littérature humaine et vétérinaire.
Lorsque le kyste n’est pas tumorisé, son traitement n’est pas simple pour autant, puisqu’un curetage minutieux de toute la paroi, avec extraction chirurgicale, idéalement en bloc, avec la ou les dents incluse(s), est primordial, afin d’éviter toute récidive.
Par Le Dr Mihai Guzu, résident EVDC
Références :
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